
24 Avr C’est le moment pour la BNS de tirer le frein à main
Quand les banques centrales interviennent sur le marché des devises, en le faisant savoir dans les médias, c’est presque toujours pour acheter de leur monnaie nationale sur le marché des devises, afin de la prévenir des chutes rapides et violentes. S’agissant de la Banque Nationale Suisse (BNS), depuis le début de ce siècle au moins, c’est toujours, au contraire, en vendant des francs suisses qu’elle intervient, en le faisant savoir ou pas, pour freiner la hausse du prix du franc par rapport aux autres devises.
A part l’abandon brusque, irresponsable et impardonnable de la parité fixe vis-à-vis de l’EURO à 1,20 en 2015, qui a provoqué une hausse incontrôlable du franc d’environ 30% en quelques jours, la politique de la BNS est généralement applaudie.
Selon l’opinion publique très répondue, les investisseurs institutionnels et les particuliers étrangers achètent de notre monnaie, parce qu’ils ont confiance dans la stabilité suisse. Je pense plutôt qu’ils achètent un franc incroyablement surévalué, parce qu’ils n’ont pas suffisamment confiance pour tout garder dans leurs propres monnaies nationales.
Aujourd’hui la BNS se trouve assise sur une montagne de réserves en devises étrangères, d’environ 700 milliards d’équivalent de nos francs, dont presque 40% en EURO et 35% en USD.
La crise du coronavirus est une nouvelle donne, que personne n’a vu correctement venir, et personne ne sait aujourd’hui évaluer son impact avec précision sur l’économie mondiale. Cela étant, il est permis de croire qu’avec l’accroissement stratosphérique de l’endettement des grands pays, à coups de trilliards, les grandes monnaies sont vouées à perdre de leur valeur davantage pendant et après la crise.
Cette accumulation de devises étrangères par la BNS risque à présent de se retourner contre nous, en cas de dévaluations massives, volontaires ou involontaire, de l’une ou des deux monnaies principales du Monde Libre.
A mon avis, la BNS devrait coupler, pour les nouveaux investisseurs non-résidents, l’achat de francs suisses à une vente d’« option call » en sa faveur, lui permettant de racheter à tout moment les CHF de l’investisseur étranger au prix d’achat. Ainsi, le franc suisse ne sera plus une valeur refuge pour les nouveaux acheteurs, et ceux qui l’achètent pour ce seul motif n’auront plus aucun intérêt. Bien sûr la mise en place d’un tel mécanisme n’est pas simple, mais elle est faisable. Ceci ne peut pas concerner les acheteurs de services, de prestations immatérielles, et de marchandises suisses.
Par ailleurs, pour contribuer à affaiblir le CHF, la Confédération devrait prendre la main au moins sur la moitié des réserves en devises étrangères de la BNS, pour créer un Fond souverain, qui aura une politique d’investissement innovante et à long terme, pas nécessairement dans la sphère boursière mondiale. Par exemple, en investissant dans l’achat de certains métaux rares et des terrains agricoles dans les pays lointains, pour assurer l’approvisionnement stratégique et alimentaire de notre pays.
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